Les impacts économiques des aléas géologiques et climatiques à Mayotte

S'organiser pour faire face à la menace d'un volcan sous-marin

Depuis mai 2018, l’île de Mayotte connait une activité sismique due à un volcan sous-marin situé à 50 km des côtes de l’île dans une zone où d’anciens édifices volcaniques avaient déjà été identifiés. Le site éruptif, découvert en 2019,a révélé la mise en place d’un nouvel édifice sous-marin. Depuis, de nouvelles coulées ont été identifiées autour de ce dernier ainsi que de nouveaux panaches éruptifs d’une hauteur moyenne de 2km qui n’atteint pas la surface de l’eau.

Dans un monde devant faire face à des risques naturels et climatiques croissants, et dans un contexte d’augmentation de la densité des populations littorales et des infrastructures, comme c’est le cas notamment à Mayotte, le projet présenté ici a pour ambition de quantifier les effets économiques liés aux risques de tsunamis et au changement climatique à travers des recherches situées aux interfaces entre la géophysique, la climatologie et l’économie. Pour cela, l’équipe de recherche portée par la Pr. Anne Mangeney, membre Senior à l’IUF (Institut Universitaire de France), et la Dr. Anne Le Friant va quantifier l’impact économique de tsunamis générés par des glissements de terrain sous-marins sur les infrastructures et les populations de l’île de Mayotte.

Établir des scénarios et prévoir les conséquences économiques

Le projet consistera dans un premier temps à récolter des données de haute résolution sur les enjeux bâtis, les réseaux, les infrastructures critiques et autres enjeux stratégiques. D’autres données sur la bathymétrie côtière permettront de réaliser des simulations très précises de l’impact des tsunamis sur les côtes de Mayotte. Ces simulations seront effectuées sur la base de scénarios de glissements de terrain sous-marins potentiellement générés par la crise sismo-volcanique actuelle.

Sur la base de ces simulations, il s’agira de simuler l’impact économique à court et moyen terme, notamment en tenant compte de la hausse du niveau des mers et de la destruction potentielle des mangroves et du récif corallien liée au changement climatique, un facteur aggravant pour la submersion à terre.

Un environnement de travail unique au bénéfice de tous

Ces recherches seront menées par un jeune chercheur post-doctorant (Univ. Cambridge, IPGP) ayant les compétences nécessaires en mathématiques, physique et géophysique pour modéliser la chaîne d’impacts. Il pourra ainsi mener de front les simulations des évènements naturels et des impacts économiques sur la base de modèles développés par les équipes co-encadrant ce projet à Université de Paris (IPGP) et au GeorgeTown University (Environmental Justice Program).

Au-delà de l’interdisciplinarité de ce projet entre géophysique, économie et climat, ce travail qui bénéficiera d’un dynamisme unique, se déroulera également dans un cadre unique, en particulier grâce au REVOSIMA (Réseau de Surveillance Volcanologique et Sismologique de Mayotte), impliquant notamment des recherches en géographie, dédiées à la mise en place d’un plan d’évacuation en cas de submersion tsunami, ou en sociologie sur la perception par la population de la crise et des risques associés.

Pourquoi soutenir ce projet ?

Un travail pionnier pour servir de modèle à l’avenir

Comment se prémunir contre l’impact potentiellement dévastateur d’une vague particulièrement haute dont l’effet sera démultiplié par l’élévation du niveau de la mer ? Au-delà du cas spécifique de Mayotte, cette étude fournira un exemple méthodologique innovant d’interaction entre sciences géophysique, géographique, climatique et économique. Elle contribuera, enfin, à notre connaissance de l’impact économique du dérèglement climatique à partir d’un exemple concret et jettera les bases d’une réflexion sur les moyens dont disposent les habitants de Mayotte pour s’adapter efficacement au dérèglement climatique.

Un aspect fort de ce projet est le lien étroit avec les autorités locales (préfets, maires) et nationales (ministères).  Ce travail pionnier a de fortes implications pour les industriels dont certains ont déjà utilisé les résultats des premières simulations (projet d’allongement de la piste de l’aéroport, câbles de communications sous-marins).