FUPC : « Bonjour à tous les trois, Malo et Anton avant de parler des projets et des produits que proposent aujourd’hui Healthy Mind, pouvez-vous nous dire comment vous vivez l’expérience d’accompagnement que propose le programme Impact ?
Malo : Super bien, nous avons commencé le programme depuis presque 6 mois et cela nous a permis de rencontrer de nombreux experts du sujets (praticiens, chercheurs, patients…) pour challenger et faire évoluer notre projet R&D. C’est un programme très enrichissant car il nous apporte des points de vue que nous n’avons pas l’habitude de rencontrer.
Anton : Tout d’abord, je voudrais vous remercier pour cette opportunité de partager nos avis et de répondre à vos questions. Dès l’arrivée de la nouvelle que nous avons été nommés parmi les lauréats, nous nous sommes plongés dans une ambiance collaborative et ouverte créée par le programme d’accompagnement IMPACT. Personnellement, j’apprécie beaucoup l’opportunité de créer un écosystème adéquat autour de notre projet R&D, en ayant à la fois des échanges avec les spécialistes du domaine de la santé mentale, les associations de patients, les compagnies pharmaceutiques et d’autres start-ups. C’est un écosystème unique qui nous permet de mieux comprendre les besoins de nos futurs clients et les enjeux du domaine.
FUPC : Soumaya de ton côté en tant que mentor, quel est ton rôle ? Et que t’apporte cette « mission » dans ton quotidien professionnel ?
En tant que responsable Accès au marché pour le laboratoire Otsuka Pharmaceutical France, et mentor auprès de HealthyMind, mon rôle consiste à conseiller Malo et Anton en partageant mon expertise en accès au marché des médicaments, des dispositifs numériques à visée thérapeutique et des dispositifs numériques de télésurveillance. Cette mission me permet d’apporter une vision stratégique pour aider HealthyMind à façonner leur solution en adéquation avec les besoins et les réglementations du marché français. Je tire également des enseignements enrichissants de Malo et Anton, ce qui nourrit ma perspective professionnelle et me maintient à l’affût des dernières innovations en réalité virtuelle et en neuroscience.
Cette implication m’offre des horizons stimulants, me permettant de contribuer à un projet novateur ayant un impact concret sur la prise en charge des patients souffrant d’anxiété ou de douleurs et d’apporter des idées novatrices à mon rôle actuel.
FUPC : Anton et Malo, de votre côté, comment vivez-vous cet accompagnement de la part des mentors ?
Anton : Je trouve que nous avons réussi à créer très rapidement une ambiance de confiance avec les mentors et de compréhension mutuelle de nos besoins d’un côté et des opportunités disponibles de l’autre. Chaque fois que nous avons des sessions de mentoring, nous dépassons les horaires car nous avons plein de sujets à aborder. Mais surtout, il est important de souligner que ce mentoring a déjà porté ses fruits sous la forme de collaborations qui sont en train de s’établir, de nouvelles réflexions que nous avons eues pour les cas d’usage possibles de notre projet R&D auxquels nous n’avions pas pensé auparavant, et de l’organisation du démo day.
Malo : Très bien, Soumaya et Émilie (Responsable Ingénierie de Projets pour la FUPCité) ont su tout de suite nous conseiller et nous aider à prendre du recul grâce à leur angle de vue éclairé et externe à la société. Elles soutiennent également le projet en nous donnant accès à leur réseau.
FUPC : Si nous faisons maintenant un focus sur les solutions que propose Healthy Mind aujourd’hui, quelles sont-elles ? Et à qui s’adressent-elles ?
Malo : Nous proposons un premier dispositif médical de classe I appelée Healthy Mind VR combinant neuroscience et réalité virtuelle à destination des établissements de santé pour réduire la douleur et l’anxiété des patients hospitalisés. La solution est déjà déployée dans plus de 250 établissements à travers la France et l’Europe et s’utilise avant, pendant ou après une procédure médicale pour des services très divers comme l’anesthésie, l’oncologie, les soins palliatifs ou la radiologie interventionnelle.
Dans le cadre du projet Impact nous développons une nouvelle génération de thérapies digitales alliant neurofeedback et réalité virtuelle à afin de traiter des pathologies chroniques notamment pour la santé mentale. Cette nouvelle solution vise à être prescrite pour aider les patients à diminuer les risques de rechute de dépression majeure.
FUPC : Toi Soumaya, quand tu suis pas à pas la progression sur plusieurs mois de start-up comme Healthy Mind, avec ta casquette « Labo pharmaceutique », comment te positionnes-tu ? Quelles sont tes priorités pour les aider au mieux dans leur stratégie de développement ?
Soumaya : En tant que responsable de l’accès au marché en « Labo pharmaceutique » et en suivant de près la startup HealthyMind, mon approche complète pour les accompagner dans leur progression de développement est de leur apporter une expertise stratégique. Je les aide à identifier les voies d’accès au marché les plus appropriées pour leur solution ainsi que les différentes voies de remboursement des solutions numériques en France, cherchant à faciliter l’accès de leur produit au plus grand nombre de patients français souffrant d’anxiété ou de douleurs. De concert avec leur co-mentor Émilie, nous nous engageons également à faciliter la mise en relation de HealthyMind avec des acteurs clés du secteur. Cette mise en relation vise à élargir leur réseau et favoriser des partenariats stratégiques, contribuant ainsi à une croissance accélérée et à une intégration fructueuse de leur solution novatrice sur leur marché.
FUPC : Healthy Mind s’adresse en partie aux patients, il faut recruter des « bêta testeurs » comment faites-vous ? Et en parallèle, il y a tout un travail de collaboration à mener avec des chercheurs, comment les ciblez-vous ?
Anton : En arrivant chez Healthy Mind il y a presque deux ans, j’ai découvert qu’ils avaient déjà un réseau assez large de collaborations scientifiques et cliniques. Ainsi, nous avions déjà la base pour commencer à chercher nos « bêta-testeurs ». En ce qui concerne les collaborations scientifiques, en tant qu’ancien chercheur en neuroscience, je continue à m’appuyer sur mon réseau dans le domaine pour créer de nouveaux contacts qui peuvent renforcer notre expertise en neurosciences. Nous travaillons beaucoup avec les chercheurs de l’Institut du Cerveau où nous sommes également incubés, mais aussi avec des chercheurs d’universités étrangères, comme l’Université de Californie, ainsi que des chercheurs d’autres entités publiques de la recherche française, telles que IRBA. Nous ciblons les chercheurs qui peuvent renforcer notre expertise dans les domaines de l’électrophysiologie, de la neurologie, de l’anesthésiologie, de l’interface cerveau-ordinateur, ainsi que de la neuroscience cognitive.
Malo : Nous avons l’habitude de travailler avec des centres tests notamment grâce à notre comité scientifique et aux différentes collaborations de recherche que nous menons actuellement pour évaluer notre dispositif Healthy Mind VR. Toute ces collaborations se déroulent pour la plupart en centre hospitalier tandis que la nouvelle génération de dispositifs que nous développons est vouée à être utilisée au domicile du patient. Pour cette raison, la mise en relation avec les associations de patients permise par l’Impact va grandement nous aider pour la suite du développement.
Nous travaillons également en étroite collaboration avec l’Institut du Cerveau avec lequel nous avons mis en place deux thèses en CiFRE.
FUPC : Soumaya, est-ce dans la philosophie des laboratoires pharmaceutiques de travailler étroitement avec des start-up ? Est-ce une pratique qui se développe de plus en plus et si oui, sur quels plans prioritairement ?
Il est de plus en plus courant pour les laboratoires pharmaceutiques de collaborer étroitement avec des startups. Cette pratique émerge comme une stratégie prometteuse pour dynamiser l’innovation au sein de l’industrie pharmaceutique. Cette collaboration se concentre principalement sur plusieurs aspects. Premièrement, les laboratoires pharmaceutiques tirent davantage de l’agilité et de l’innovation des startups pour explorer de nouvelles voies thérapeutiques ou pour développer des solutions technologiques novatrices. Ensuite, cette approche favorise le développement accéléré de nouvelles thérapies ou de dispositifs médicaux, offrant ainsi aux patients des options de traitement plus rapides et plus diversifiées. De plus, les laboratoires pharmaceutiques s’associent souvent aux startups pour intégrer des technologies numériques innovantes dans le domaine de la santé. Cela inclut des applications, des plateformes de suivi, des outils de diagnostic, entre autres, qui sont au cœur de l’évolution de la médecine.
FUPC : Quelle va être l’actualité des prochaines semaines, prochains mois chez Healthy Mind ?
Malo : Nous travaillons de manière continue sur l’expansion de notre première solution avec différentes études cliniques qui devraient aboutir à plusieurs publications scientifiques dans les prochains mois. Nous avons également développé un premier prototype de notre nouvelle solution que nous sommes en train d’évaluer avec différents partenaires de recherche. Une seconde version devrait voir le jour en début d’année prochaine.
Anton : Nous sommes en train de travailler sur notre prototype NeuroMind qui combine l’encéphalographie portable de dernière génération avec la réalité virtuelle et le suivi oculaire (eye tracking). Grâce à l’IMPACT, nous avons déjà eu l’opportunité de présenter notre premier prototype à 16 électrodes, et dans les prochaines semaines, nous allons mettre au point ce deuxième prototype plus avancé. Cela sera suivi par une petite étude de validation.
FUPC : On le lit, on l’entend, on le voit, la santé mentale notamment depuis la crise Covid a surgi quasiment d’un seul coup aux côtés de la santé physique si on peut le dire ainsi, comment l’interprétez-vous tous les trois ? Quel regard portez-vous sur cette prise de conscience de l’importance de prendre soin de notre santé mentale ?
Soumaya : La crise Covid a sans doute, propulsé la santé mentale au-devant de la scène aux côtés de la santé physique suscitant une prise de conscience considérable de son importance, et incitant le gouvernement français à accorder une attention renouvelée à la santé mentale (Feuille de route santé mentale et psychiatrie lancée en 2018 même avant la crise Covid, puis enrichie post-Covid en septembre 2021 par les mesures des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie) et poussant les entreprises des médicaments via le Comité de santé mentale du Leem à prendre la parole pour la première fois sur ce sujet. Cette prise de parole s’est concrétisée par la plateforme de propositions en santé mentale du Leem qui comprend douze propositions dont une première proposition générale ayant pour objectif de faire de la santé mentale une grande cause nationale. Les onze autres propositions se répartissent sur les 3 défis de la recherche, de l’innovation et du parcours de soins. Cette prise de conscience de l’importance de la santé mentale est un progrès majeur. Elle reflète une évolution significative dans la compréhension de la santé globale et représente un changement positif dans la façon dont la société perçoit et aborde les questions de santé mentale. Elle contribue à briser la stigmatisation associée à ces problèmes et à lutter contre l’isolement des patients souffrant de maladies mentales et de leur entourage.
Anton : Je pense que la crise de la COVID-19 a mis en évidence de manière accrue le problème qui existait déjà, mais qui était en partie stigmatisé et en partie sous-estimé : le problème de la santé mentale, surtout chez les jeunes et les actifs. Je pense qu’actuellement, il y a une prise de conscience croissante de l’existence de ce problème et une multiplication des efforts pour y remédier. Comme on dit, aller voir un médecin, c’est déjà la moitié de la solution. Cependant, comme on le sait très bien, la santé publique en France et en Europe traverse un moment difficile, et la prise de conscience ne signifie pas automatiquement une amélioration de la prise en charge. Avec notre projet R&D, nous essayons dans ce contexte tendu d’aider à démocratiser l’accès aux solutions psychothérapeutiques pour les troubles de la santé mentale.
Malo : Je trouve ça très sain de voir que le sujet soit beaucoup plus mis en avant depuis quelques années au même titre que la santé physique. Je pense que l’innovation numérique a tout à fait sa place dans ces nouvelles stratégies de traitement comme complément aux traitements traditionnels. De la même manière qu’avec notre solution Healthy Mind VR, où nous avons voulu apporter un nouvel outil aux patients pour la lutte contre la douleur, nous souhaitons proposer une thérapie permettant une meilleure prise en charge des patients à domicile.
FUPC : Une question plus personnelle, comment chacun prenez-vous soin de votre santé mentale au quotidien ?
Soumaya : A titre personnel, j’essaie de garder une activité physique régulière. J’essaie de maintenir tout simplement un objectif minimum de 10 000 pas par jour. L’activité physique libère des endorphines, améliorant l’humeur et réduisant le stress. J’essaie de garder un équilibre vie pro-perso et de m’entourer de personnes positives qui, à mon avis, sont une composante essentielle du bonheur et du bien-être.
Malo : En tant que dirigeant d’entreprise, on se retrouve souvent dans des situations assez challengeantes, d’autant plus que les sujets sur lesquels nous travaillons sont très prenants. Pour ma part, j’essaye de m’organiser le plus possible pour garder un équilibre entre le travail, voir mes proches et faire des activités stimulantes qui me permettent de déconnecter.
Anton : J’essaie d’établir et de maintenir un équilibre stable entre ma vie privée et ma vie professionnelle, le fameux work-to-life balance. J’ai également mon psychanalyste.