Remise du Prix Esprits libres – Fondation Université Paris Cité 2022 à Marie Vingtras

Les membres du jury tous détenus au centre pénitentiaire de Réau en Seine et Marne, ont récemment remis son prix à la lauréate ! La 8ème édition est déjà en préparation.

Un jury enthousiaste et des débats passionnés

Le Prix Esprits libres a trouvé sa lauréate 2022. Au terme de débats enthousiastes, c’est finalement Marie Vingtras et son premier roman, Blizzard (l’Olivier) qui s’est distinguée. Il y a quelques jours, la remise du prix a pu avoir lieu dans le gymnase du Centre pénitentiaire Sud Francilien en présence des jurés, de l’équipe enseignante, des partenaires et de nombreuses personnalités du centre afin de saluer l’auteur pour son ouvrage mais aussi (et surtout) l’enthousiasme et l’engagement des jurés tout au long des séances de lecture qui ont ponctué cette année. 

Depuis janvier, le jury s’est réuni toutes les six semaines pour débattre d’un des cinq titres de la sélection lors de réunions animées par Régis Salado, professeur de littérature comparée, et Valérie Guiraudon, professeure agrégée et responsable du Diplôme d’Accès aux Etudes Universitaires (DAEU) à Université Paris Cité. Ils ont été secondés par Valérie Petit et Karen Letourneau, respectivement responsable du Développement culturel et responsable de secteur à la Médiathèque départementale de Seine-et-Marne.

Les autres romans et œuvres, tous parus récemment, étaient Le Droit du sol. Journal d’un vertige, Étienne Davodeau (Futuropolis, octobre 2021), Ultramarins, Mariette Navarro (Quidam éditeur, août 2021), Seyvoz, Maylis de Kerangal et Joy Sorman (Inculte, janvier 2022), Connemara, Nicolas Mathieu (Actes Sud, février 2022), Enfant de salaud, Sorj Chalandon (Grasset, août 2021), Feu, Maria Pourchet (Fayard, août 2021).

Une autre manière d'appréhender la prison

La clé de la réussite du Prix réside d’abord dans la qualité du travail fourni par les jurés dans la durée. Pour chacune des séances, les membres du jury lisent attentivement l’ouvrage concerné, qui leur a été remis à la séance précédente. La réussite du Prix tient aussi à la possibilité qu’il donne de « faire entrer » concrètement la littérature française contemporaine en prison et de permettre un contact direct entre les détenus et les écrivains, lauréat ou président du jury. L’expérience de participer à cette activité a d’abord un effet transformateur sur le temps de la détention, transformation qui est liée à la durée et à la régularité des échanges autour des livres que permet le Prix. A cet égard, il faut souligner que le protocole mis en place permet de créer, au sein de l’espace de la détention, un lieu de liberté et de sociabilité où chacun est amené à s’exprimer en tant que subjectivité et à dialoguer avec les autres. En tant qu’action se déroulant sur plusieurs mois, le Prix joue aussi un rôle de formation des lecteurs que sont les membres du jury. Si les membres du jury ont tous a priori le goût de la lecture, ce goût s’approfondit, s’affine, se précise et peut ainsi devenir, au fil des séances de travail, une véritable compétence.

Un prix qui fait des émules

Ce prix, initié en 2014 par la Fondation Paris Diderot nouvelle Fondation Université Paris Cité, n’a pas manqué de se faire remarquer en haut lieu. En effet, depuis quelques mois, Un « Goncourt des détenus » a été lancé par les ministres de la Culture et de la Justice. Cette annonce a été suivie par la signature d’un nouveau protocole visant à promouvoir la culture en prison. “Le nouveau protocole réaffirme la volonté d’offrir aux détenus une vraie programmation culturelle, avec la possibilité d’y prendre part et de s’exprimer artistiquement. Il s’attache à favoriser l’offre culturelle pour les mineurs, réaffirme l’importance de la formation culturelle des personnels pénitentiaires, des intervenants et des personnes détenues”, a affirmé Roselyne Bachelot avant d’ajouter : “Il pose également la volonté de tisser des liens plus étroits entre le dedans et le dehors et inscrit la nécessité d’équiper tous les établissements pénitentiaires d’espaces adaptés aux pratiques culturelles : lieux de diffusion de films, de spectacles…”.