MOODELING – Évaluer les fluctuations d’humeur et leur impact sur la prise de décision

Mieux identifier les troubles de l'humeur et la pertinence des outils dans la détection et le prévention des rechutes

Les événements de vie – positifs ou négatifs – influent sur notre humeur, qui elle-même modifie notre perception des événements. Une humeur haute conduit à percevoir les événements (ou les perspectives d’évènements) comme meilleures qu’ils ne sont. Ce genre d’interaction réciproque se retrouve également en clinique. L’équipe du Dr Fabien Vinckier a récemment contribué à l’utilisation de modèles computationnelle pour comprendre ce phénomène. Elle a montré que l’humeur pouvait être décrite comme une intégration des erreurs de prédiction sur les événements, avec un facteur d’oubli. En retour, l’humeur modulait la perception de ces événements. Différents individus peuvent intégrer la même séquence d’événement de façon différente, conduisant à des niveaux d’humeur différent. En combinant cette approche à l’IRM fonctionnelle, il a été montré que l’humeur était encodée dans l’activité de repos de deux régions, positivement dans le cortex préfrontal ventro-médian (vmPFC) et négativement dans l’insula antérieure (aIns). Cependant, dans ces travaux préliminaires, l’échelle de temps étudiée était très courte, quelques dizaines de minutes, comparée aux fluctuations quotidiennes qui évoluent sur quelques jours ou semaines. Leur amplitude était également minimale comparée à des fluctuations normales ou pathologiques.

Une première preuve de concept 

Ce projet – déjà financé à hauteur de 15000 euros grâce au programme « Sauver la vie » de la Fondation Université de Paris – propose l’évaluation de 65 patients atteints de trouble bipolaire grâce à une application collectant quotidiennement des données liées à leur humeur, aux évènements de vie qu’ils traversent, ainsi que leur impact sur la prise de décision grâce à des choix virtuels entre différentes options impliquant les dimensions clefs de la motivation que sont la sensibilité à la récompense, à l’effort, au délai et au risque.

De la recherche exploratrice à la recherche confirmatoire

Ce projet s’intègre dans une perspective plus large visant à faire la jonction entre l’approche expérimentale au laboratoire, les fluctuations normales de l’humeur que tout un chacun peut expérimenter et les fluctuations pathologiques de l’humeur en opérant un triple changement d’échelle : en termes de nombre de participants, de constante de temps et d’amplitude. Plus spécifiquement, il s’agit de déterminer (1) si les mêmes principes computationnels peuvent rendre compte de fluctuations thymiques à des échelles de temps très différentes (2) si notre approche neuro-computationnelle des fluctuations de l’humeur et de leur impact sur la décision permet de discriminer différents types de troubles de l’humeur, et de prédire leur évolution clinique (3) si les activités de base du vmPFC et de l’aIns reflètent également des fluctuations à une échelle plus longue, de même que les variations dans la prise de décision.

Pourquoi soutenir ce projet ?

À terme, cette approche peut être utile sur le plan clinique. L’objecti est de monter un véritable essai clinique au sein duquel l’adaptation du traitement sera (ou non) basée sur l’évaluation computationnelle de l’humeur. Évidemment, un tel essai clinique ne peut être considéré qu’après obtention de plus solides preuves de concept.