[Appel à Projets Sauver la Vie] Le projet lauréat du Dr Louis Marcellin

Le Dr Louis Marcellin, lauréat d'un jury exceptionnel Sauver la Vie, présente son projet permettant de mieux faire comprendre la douleur aux patientes atteintes d'endométriose.

Quel est le contexte général qui a donné naissance à ce projet ? 

L’endométriose est une pathologie gynécologique chronique fréquente qui touche 10% des femmes en âge de procréer, responsable de façon variable de douleurs pelviennes et d’infertilité avec un impact psychosocial considérable. Elle est définie par l’implantation de tissu endométrial (glande et stroma) en dehors de la cavité utérine. Les progrès effectués en imagerie gynécologique (échographie vaginale, imagerie par résonance magnétique — IRM) permettent aujourd’hui de faire le diagnostic de l’endométriose sans recourir à une cœlioscopie.

Qu’est-ce que le projet ENDOMAG ? 

Dans l’endométriose, l’anatomie est particulièrement remaniée impliquant des processus de neuro-

angiogénèse à l’origine d’une perturbation des réseaux nerveux pelviens qui participeraient aux mécanismes de la douleur. Lorsqu’un acte chirurgical est envisagé, l’imagerie préopératoire est cruciale pour prévoir une atteinte du plexus hypogastrique, et d’éventuelles complications chirurgicales engageant le pronostic fonctionnel.

Les séquences de diffusion en IRM (IRMd) permettent, à l’aide d’algorithmes de tractographie, de visualiser les fibres nerveuses. Une reconstruction 3D des organes et des trajets nerveux grâces à l’IA et à des algorithmes entrainés est possible. L’étude vise à appliquer un traitement d’images par résonance magnétique réalisées chez des patientes potentiellement atteintes d’endométriose, ayant des douleurs pelviennes chroniques et/ou une infertilité inexpliquée et/ou des saignements utérins anormaux et/ou une masse pelvienne.

Objectif principal :

  • Création d’une base de données d’images du pelvis féminin afin d’améliorer les algorithmes d’IA pour la modélisation 3D de l’appareil génital adulte et du système nerveux pelvien chez les femmes sans et avec endométriose.

Objectifs secondaires :

  • Montrer qu’il existe une désorganisation nerveuse entre les femmes avec endométriose et les femmes sans endométriose,

  • Évaluer la corrélation entre la localisation des lésions d’endométriose et/ou la désorganisation du plexus nerveux pelvien et la symptomatologie clinique,

  • Évaluer la satisfaction des patientes sur les informations délivrées par cette modélisation.

En quoi est-ce innovant ? 

A ce jour, la reconstruction 3D automatisée par lA des organes pelviens et du tractus nerveux pelvien à l’aide de séquences d’IRM n’a fait l’objet que de rares études de cas. Cette étude devrait permettre de montrer qu’il existe une désorganisation nerveuse pelvienne chez des femmes atteintes d’endométriose et qu’elle est corrélée aux douleurs. Une telle corrélation serait une avancée majeure dans la compréhension de la physiopathologie. Elle permettrait également de préciser les rapports anatomiques pelviens des lésions et anticiper des risques neurologiques du traitement chirurgical.

Quel peut-être l’impact d’un tel projet sur notre santé et celle de nos proches ? 

La corrélation de la désorganisation neuronale pelvienne à la douleur en cas d’endométriose et la cartographie précise des lésions et de leurs rapports anatomiques pelviens permettra d’apporter une explication de la douleur aux patientes, étape clé dans le traitement de la douleur chronique, d’adapter les traitements antalgiques, d’orienter les femmes vers des stratégies de prise en charge paramédicale complémentaire (kinésithérapie, hypnose, acupuncture, ostéopathie) et d’expliquer aux patientes les risques d’une chirurgie pelvienne ayant un impact fonctionnel potentiel.

Quels sont les bénéfices à court/moyen/long terme sur la (les) population(s) ciblée(s) ?

Les bénéfices attendus pour les patientes de ce projet sont :

  • La compréhension de la douleur en lien avec les remaniements nerveux,

  • L’identification des risques neurologiques préopératoires,

  • L’identification des femmes potentiellement à risque d’échec du traitement chirurgical sur la douleur.